Croqueurs de Pommes Auxois Morvan

pour la sauvegarde des variétés fruitières régionales en voie de disparition


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UN PEPIN CHEZ LES CROQUEURS AUXOIS-MORVAN

Nous venons d’apprendre que la traditionnelle Journée de la Pomme des Croqueurs de Pommes Auxois-Morvan prévue cette année à Alise-Sainte-Reine était reportée. Monsieur Corrot, vous êtes le président de l’association, pourquoi cette décision ?

EC : Comme l’a dit notre vice-présidente, c’est douloureux mais raisonnable. La production a été très contrastée suivant les communes. Certaines ont subi très intensément les gelées tardives qui ont vu la fonte des fleurs, d’autres ont été mieux loties mais pour constater en définitive la chute des fruits avant leur maturité, quand ils n’étaient pas affectés par la moniliose, une pourriture qui compromet la récolte et interdit toute conservation. Les loirs s’en sont donné à coeur joie quand ce ne sont pas les frelons ou la mésange ou autres oiseaux en désespoir d’eau qui sont allés les becqueter. Au-delà de nos administrateurs, nous avons sollicité nos adhérents : ils connaissaient malheureusement en général les mêmes problématiques.

N’auriez-vous pas pu activer votre réseau des Croqueurs, qui est national, avec une autre section voisine en Val-de-Saône ?

EC : au-delà des problèmes logistiques que cela engendrerait, cela pose aussi une question quasi-déontologique : si on fait la promotion des fruits locaux et leur variété, est-on en droit de cacher la misère et de proposer une exposition, certes garnie mais plutôt de l’ordre de l’escroquerie ? Les visiteurs viennent habituellement chercher des pommes. Eh bien nous n’avons pas de pommes cette année et nous n’irons pas chercher des fruits qui ne correspondent pas aux goûts des variétés locales anciennes de notre terroir.

Vous nous avez parlé de la règle de l’alternance : une année chasse l’autre. Est-ce que cela ira mieux l’an prochain ?

EC : il faut bien se dire que toutes les habitudes que nous avions sont bousculées avec le changement climatique. Bien sûr, le consommateur trouve toujours la même profusion à l’étal. Mais il devient de plus en plus compliqué de miser sur la météo. Nous connaissons depuis quelques jours enfin des pluies d’automne. La pluie est nécessaire tout au long de l’année pour alimenter les arbres, qui souffrent énormément. Fatalement, les fruits s’en ressentent : bien des fruits à noyaux avaient du mal à mûrir avec un effet de blocage faute d’eau, comme pour les végétaux, sans parler des températures extrêmes. Aujourd’hui, les noix elles-mêmes ont du mal à sortir de leur bogue. Les feuilles des arbres des arbres ont séché sur pied avant de tomber comme d’habitude. Chaque année, on voit bien que la livraison des porte-greffes que nous commandons est de plus en plus tardive parce que les végétaux ne partent pas en dormance.

Vous parlez de report de la Journée de la Pomme, est-ce un report jusqu’à ce que ça aille mieux ?

EC : nous ne maîtrisons pas la nature. Bien malin qui saura comme sera l’an prochain. Nous avons été pris par les délais mais l’an prochain, nous tiendrons la Journée de la Pomme autrement. Nous devons nous adapter ou disparaître : quelles nouvelles stratégies sont à notre portée ? Que pouvons-nous faire sans tomber dans la morosité ? Nous comptons parmi nous des jeunes. Ils sont certes un peu désespérés mais sont engagés pour l’avenir. Ils portent des projets nouveaux. Alors, pour répondre à votre question, oui, il y aura bien une Journée de la Pomme l’an prochain mais elle ne ressemblera pas à celles que vous avez connues.

MP